Près de 4 mois après son sacre de champion du monde sur l‘event #22 des WSOP 2011, Elie Payan à eu la gentillesse de répondre à nos questions. Entretien exclusif avec un champion du monde de poker.
OPoker – Salut Elie, tout d’abord, merci de nous accorder cette interview. Pourrais-tu te présenter à notre communauté ?
EP – Bonsoir, je m’appelle Elie Payan, j’ai 27 ans et joue au poker depuis maintenant cinq ans.
OPoker – Nous allons en effet y venir, tu as donc débuté le poker en 2007, comment ce jeu est apparu dans ta vie ?
EP – J’ai découvert le poker en Auberge de jeunesse avec des amis en Angleterre. Puis je suis rapidement devenu membre de l’Orléans Poker Club où j’ai pu découvrir d’avantage le poker à travers ce groupe de passionnés ainsi que lors de parties privées entre amis.
OPoker – A ce moment, tu jouais donc simplement pour le plaisir et le poker n’était rien d’autre qu’un loisir. A quel moment les choses ont réellement changées ?
EP – Disons que je me suis très vite pris au jeu et j’ai rapidement compris que le poker pouvait devenir une réelle source de revenus. Etant employé en entreprise à l’époque, j’effectuais des allers/retour dans la capitale et les cercles Parisiens chaque soir pour jouer.
Le rythme est rapidement devenu insupportable et j’ai donc décidé de démissionner de mon travail en 2008 et tenter l’aventure en tant que joueur de poker professionnel. En résumé, à partir du jour où j’ai découvert le poker, il m’aura fallu un an pour devenir gagnant sur le long terme et vivre du poker.
Opoker – En effet, tout à été très vite pour toi ! Tu parles de cercles parisiens, tu te consacrais donc uniquement au cash game ?
EP – Beaucoup de cash game en cercle ainsi que lors de parties privées effectivement. J’affectionne aussi et même particulièrement le jeu de tournoi. A ce propos, j’ai d’ailleurs effectué ma première grosse performance en MTT à Dublin en 2008 où j’ai terminé 3ème de l’International Poker Open.
Je jouais également beaucoup de tournois avec mon club qui mettait en place différents événements ainsi qu’un classement annuel auquel j’étais en tête devant environ 300 joueurs.
Opoker – Tu n’étais donc pas à ton premier coup d’essai avant de tenter l’aventure Américaine et de te rendre dans les casinos de Vegas. Depuis quand tu te rends en outre atlantique d’ailleurs ?
EP – Cela fait un an et demi que j’effectue des séjours de trois mois à Las Vegas pour jouer en cash. Je participe aussi à quelques MTT abordables, notamment au Venetian. Cependant avant de disputer cet event PLO à 1500$, je n’avais jamais joué un tournoi des World Series Of Poker.
OPoker – Comment abordes tu cet événement ? Es tu plus stressé que tu ne pourrais l’être habituellement, ressens tu une certaine pression ?
EP – En effet, je ne peux pas cacher que la peur de l’inconnue était bien présente. De plus, avant de jouer ce tournoi, je venais de subir l’un des plus gros bad run de ma carrière durant les semaines précédentes à Vegas.
OPoker – Pourquoi décider de buy in cet event en particulier ?
EP – Disons qu’en PLO MTT je considère qu’une fois qu’on a réussi à monter son stack à un niveau raisonnable, les chances d’être ITM sont beaucoup plus élevées que dans un tournoi tel qu’un 1k NLH des WSOP.
Le field est tout d’abord beaucoup moins fishy et il faut avouer aussi que je pense avoir un edge supérieur dans cette variante, en MTT évidemment.
OPoker – Comment se déroule le début de tournoi ?
Comme c’est bien souvent le cas, le début de tournoi passe par une phase d’analyse et d’évaluation des profils adverses. A ma table, le niveau était assez faible et cela m’a rapidement aidé à me mettre en confiance. Je ne faisais aucun complexe d’infériorité et me sentais au dessus du niveau moyen.
J’ai rapidement pu monter des jetons et figurer parmi les chipleaders de ma table.
OPoker – Raconte nous la suite !
EP – Le Day 1 s’est donc déroulé à merveille et il en était de même en début de day 2. Je marchais littéralement sur la table et possédait 220k pour un average à 70k a cet instant du tournoi. C’est quelques niveaux plus tard que les choses se sont corsées lorsque ma table a cassé… De gros set up ont fait redescendre mon stack à environ 130k, rien de dramatique mais c’est ici qu’il faut être assez fort psychologiquement pour ne pas spew et garder le cap.
OPoker – Petite parenthèse à ce sujet, ton calme et ta force mentale m’ont d’ailleurs toujours impressionnés. Peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet.
EP – Etre capable de garder son sang froid et ne jamais tilter, quelques soient les circonstances, est quelque chose d’essentiel au poker ! La force mentale est incontestablement l’une des clés de la réussite pour être gagnant dans cette discipline.
Opoker – Tu passes donc une période assez difficile du tournoi, où en est-on à ce moment ?
Concrètement, je vais jouer assez short à 50 left jusqu’en demi finale où je vais même posséder seulement 4 Big blinds ! Personne n’aurait pu penser une seule seconde qu’une heure après, mon tapis allait être démultiplié pour passer chipleader à 14 lefts !
Opoker – Assez impressionnant en effet ! Cette remontée fantastique te rend elle encore plus fort, pense tu à la victoire à cet instant du tournoi ?
EP – Sans aucune prétention, je n’ai jamais douté depuis le début de mon day 2! Pour aller au bout, vous devez vraiment croire en vos chances à tout moment et ne jamais rien lâcher !
J’accède donc à la table finale en 4ème position avec David Sands, très bon joueur mais assez shortstack. A noter que Jeff Sarwer était aussi présent sur cette TF mais je ne suis pas si sûr qu’il maîtrise aussi bien le PLO que le NLH… (rires)
OPoker – Nous connaissons donc la suite, sans revenir sur cette table finale, tu va donc remporter le titre, le bracelet ainsi qu’une jolie récompense de 293 000$, encore Bravo, c’est juste Enoooooooooooooormmmmme ! Quels souvenirs gardes-tu de cette magnifique victoire ?
EP – J’ai des souvenirs plein la tête ! Je n’oublierais évidemment aucun de ces instants magiques… Si je devais en citer qu’un, j’opterais alors probablement pour le moment où la Marseillais raisonne dans la salle du Rio et que tous les plus grands joueurs Français sont présents pour reprendre en cœur notre hymne nationale.
Opoker – Pour parler un petit peu « Money », ce gain est clairement considérable et peut changer une vie… Que penses-tu faire de cet argent ?
EP – Tout d’abord, je tiens à préciser que rien ne changera dans ma vie. Je suis une personne simple, la tête sur les épaules et je continuerais à manger régulièrement mes pâtes à la carbonara ! (rires)
Plus sérieusement, je réfléchis encore actuellement à ce que je vais réinvestir dans le poker.
Opoker – Quels sont tes nouveaux objectifs ?
EP – Gagner, gagner et gagner de prestigieux tournois! Avec l’impatience de reprendre un jour un second bracelet.
Opoker – Très bien ! Ceci dit, il te faudra tout de même attendre un an pour pouvoir rêver d’un second titre, quels sont les prochains tournois que tu disputeras ?
EP – A vrai dire, je ne sais pas encore vraiment. J’ai pu jouer dernièrement le 5k PLO du WPT Paris à l’ACF, que je remercie au passage de m’avoir convié à ce prestigieux tournoi. Je serai également présent à Cannes en Octobre pour les WSOP Europe afin de jouer les 2 events omaha.
Opoker – Pour conclure, pourrais tu donner quelques conseils pour les joueurs débutants souhaitant se lancer dans le MTT PLO ?
EP – Jouer un maximum en position me semble très essentiel. En effet, en PLO, la position est trois fois plus importante qu’en Hold’em.
Mise à part ça, je dirai aussi sélectionner correctement ses mains de départ, rab de quinte suités, grosses paires double suited ou connectées etc… En omaha on vous donne 4 cartes, alors il faut que dès le départ vos 4 cartes se connectent entre elles et non 3 cartes et une random comme le font souvent les débutants.
Opoker – Encore un grand merci pour cet entretien, bonne chance pour la suite de ton parcours !